Sucre et Potosi, la Belle et le Clochard

10 Avr

Potosi Il était une fois, au centre des hauts plateaux de l’Altiplano, deux villes qui furent mêlées à de bien grande entreprises dont elles n’ont pas tirées avantage. La première dut nourrir trop longtemps la deuxième, dont la chute fut aussi brutale que l’ascension.

Je suis la riche Potosi,Trésor du monde…Objet de convoitise des Rois

Potosi vu d'un balcon

 Voici mon premier blason, lorsque je fus construite, à 4070 m d’altitude. Vous ne me connaissez pas ? Pourtant, je fus la ville la plus grande d’un monde, après les capitales du vieux continent. J’ai fait votre richesse, votre gloire, vos joyaux et vous ne vous souvenez pas de moi ? Il serait de bon ton de rétablir mon honneur, pour votre plus grand bonheur d’occidentaux à ornières.
Lorsque le vieux et bienveillant continent découvrit les Amériques et décida par la même d’instruire ses autochtones à coups de fusils, les espagnols virent leurs efforts de cupidité couronnée de succès lorsqu’il découvrirent le Cerro Rico, une montagne où l’argent débordait littéralement sous l’effet de la chaleur. Ils me construisirent a son pied, et exploitèrent la plus grande mine du monde d’alors. Le précieux métal finança l’empire dont les créances profitaient a ses voisins. On dit que l’on a extrait assez de minerai du Cerro Rico pour construire un pont en argent jusqu’en Espagne. Mais je ne l’ai jamais vu. La vérité est moins glorieuse: le Cerro Rico est rouge, taché de sang.
Le Cerro Rico En trois siècles d’exploitation, prés de huit millions de personnes succombèrent dans mes entrailles. Le travail provoquait tant de mort, par accident ou à la suite de silicose, que des milliers d’esclaves africains foulèrent mon sol pour pallier aux milliers d’indiens fainéants. Afin d’augmenter la productivité, les colons eurent l’excellente idée d’instaurer des roulement de travail de 12 heures. Les mineurs demeuraient sous terre , sans voir la lumière du jour, durant 4 mois, mangeant, dormant et travaillant dans les mines. Dans un enfer où il pouvait faire jusqu’à 45 degrés. Lorsqu’ils sortaient, on devait leur couvrir les yeux pour que le soleil ne les aveugle pas…

allant tour des mines

 Aujourd’hui, je peine a contenir mon lourd passé. Je suis triste malgré mon agitation. Je suis délavée, vidée, brisée. Les étrangers sont tolérés mais pas accueillis. Mes habitants sont agars, pauvres, méfiants. Assommés par des années de durs labeurs sans récompense.  Tout juste peuvent-ils subvenir a leurs besoins. Je suis Potosi, le clochard, ravagé et pillé.

Gallerie

 Les kilomètres de galeries abandonnées qui ont façonnées la montagne ont rouverte par des coopératives d’ouvriers, sans patrons, sans obligations, sans coups de fouet. Je suis fier de cela: de ces hommes courageux qui continuent d’exploiter notre seule richesse et qui n’hésitent pas a donner leurs vies, pour quelques bolivianos. Aujourd’hui encore, leurs conditions sont précaires et les maladies toujours présentes.

Mineurs avec son sac de coca

 Après une dizaines d’années de labeur a respirer la poussière de silice, gaz arsénique, vapeurs d’acétylènes, dépôts d’amiante et dérivés de détonateurs d’explosif, mes mineurs se meurent. Souvent. Mais que faire d’autre ? Comment survivre sinon en creusant ? En nous contentant des miettes laissées par le vieux contient. Notre sol est riche mais nous n’en profiterons donc jamais ?

Tapis de gravas Machines qui sépare le minerai de la pierre broyeurs moulin a cianure, mercure et autres

En ce moment, encore, les Etats-Unis d’Amérique et l’Europe, investissent. Non pas pour nous aider, mais nous déposséder. Toujours. Nous ne retrouverons jamais notre époque florissante dévastée par des empires assoiffés de fortunes, mais personnes n’enlèvera l’honneur de mes ouvriers, flattant le diable tout les jours, pour ne pas être happés.

Idole vénérant le diablo et protegeant les mineurs

Quand a moi, je suis Sucre. Lorsque ma voisine devinrent la ville la plus peuplée des Amériques, je dus subvenir a ses besoins alimentaires. Je lui dois mon développement. J’étais son grenier à blé car mon climat et mon altitude me permettent de cultiver. Je ne lui tiens pas rigueur de ses années de servitude. Nous étions alors contrôlées par des forces que nous maitrisions pas. Alors, voyant chaque siècle la pression l’accabler un peu plus, je restais impuissante devant cette humiliation. Mais, le mépris nourrit l’orgueil, le patriotisme, la révolte.
Reunion d'un syndicat de mineurs C’est en mon entre, que Simon Bolivar déclara notre indépendance, en 1825. J’avais réussi a sauver Potosi des veines de l’avarice.  Aujourd’hui fière et distinguée, je demeure le cœur de la nation et la capitale constitutionnelle du pays malgré les 192 gouvernements qui dirigèrent mon pays.  Mon architecture coloniale préservée, construite autour de jolis patios vous séduira, les idées progressistes de mes universités emmènent mon pays vers une plus grande ouverture d’esprit. Je suis la Belle, novatrice et dynamique. Réputée pour être la ville la plus sur du pays, l’ambiance y est cordiale. Mes marchés titanesques recèlement de merveilleux trésors: des fruits, de délicieuses cuisines locales et des objets artisanaux. Les gens sont joyeux, plus moderne, plus ouvert qu’ailleurs. Je crois qu’il fait bon vivre ici, sur les flancs d’une vallée de basse montagne, a deux pas de la réputée Cordillera de los Frailes, sanctuaire du tissage Jalq’a.
Nos deux citadelles sont a jamais liées. Solidaire, nous ne gardons pas les même traces du passé mais nous marchons vers un avenir meilleur, main dans la main, comme des sœurs.
Notre force est de ne pas avoir opposées nos idées noires, mais d’être restée unie comme La Belle et le Clochard……

Les precieux minerais: plomb, zinc et argent

Si je pousse ici la rhétorique, c’est que le sujet s’y prêt. Je voulais tenter de vous immiscer dans mon état d’esprit, lorsque je m’y suis rendue. Je suis cet “occidental à ornières”, je ne connaissais pas ces villes avant de m’y rendre. Comment ignorer l’importance capitale de Potosi pour notre chère France ?  Je m’en voulais. Il n’y a rien de pire que l’oublie. J’ai aussi été effaré de voir comment un pays aussi riche en minerais, en pétrole et en gaz est toujours considéré comme le pays le plus pauvre d’Amérique Latine. Dans un autre monde, les pays possédant la technologie aideraient les pays moins développés a exploiter intelligemment leurs richesses. Non ? Suis-je idéaliste ? Je me suis senti responsable du passé colonial de notre contient et il m’a semblé le lire dans les yeux des gens. J’étais mal à l’aise. De même, la rencontre avec les mineurs fut une expérience poignante. J’étais bouleversé par le courage de ces surhommes, qui poussent à quatre, jusqu’à deux tonnes de pierres, sur des charriots défraichis, dans une atmosphère irrespirable. Les mineurs n’ont parfois que 8 ans. Un jour, un vieux monsieur m’aborde dans la rue et me dit: “nous sommes tous pauvres ici, mais nous sommes riche d’autre chose…”. Il ne m’a pas expliquer de quoi il parlait, surement voulait-il le garder secret, pour ne pas que je lui vole. Pardon si ma sensibilité historique et politique vous ont ennuyés mais voici comment j’ai visité les villes des hauts plateaux de l’Altiplano bolivien.

Un labeur inhumain, un petit hommage

Une Réponse to “Sucre et Potosi, la Belle et le Clochard”

  1. Chloé 7 Mai 2011 à 17:41 #

    Ennuyés?!!! Ton post laisse une forte impression … des villes avec une histoire autant reliée à l’Europe et dont on (je?) n’entend pourtant peu parler…
    Toujours aussi passionnant ton blog!

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